vendredi 9 décembre 2022

Digitalo-Indian Remittances

 La semaine dernière, je célébrais le premier mois passé en Inde, un voyage que j’ai pu réaliser grâce au cadeau de thèse de mes amis et proches, un vent d’air frais avant le grand plongeon dans l’abîme du post thèse, de l’attente, de l’affiliation à aucune institution, de la solitude et de la pauvreté réelle et bien touchable. 

J’ai passé un mois à voyager en touriste ici et là dans les coins les plus connus de l’ouest de l’Inde. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas fait de tourisme, pris le temps de regarder autour de moi et admirer de vieilles pierres, les choses sans âme devant lesquelles je n'ai jamais réussi à m’ébahir. J’ai réappris à ignorer les appels des marchands dans les rues, céder aux tarifs spécial occidental, se faire à moitié draguer par les vendeurs, les taxis, les guides touristiques, garder mon sang froid pour tenter de retrouver de l’intérêt dans le tourisme basique à petit budget. 

Je n’ai pas réussi. Cela consistait principalement à visiter des musées bruyants et marcher longtemps dans des palais sublimes mais dont je n’arrivais pas à saisir l’importance historique. Comment un palais aux mille miroirs et plafonds aux feuilles d’or peut-il émerveiller quand à ses portes la pauvreté est criante ? Tous ces monuments sublimes sont le témoin froid et arrogant de la vieillesse de l’inégalité sociale. 

Et puis, seule, avec mon sac à dos, j’avais chaud, de plus en plus j’en avais marre. J’ai pris mon courage à deux mains et décidé de partir visiter une ville, une dernière, à la campagne. Lors d’une visite guidée à Ahmedabad, je sympathise avec une fille de mon âge qui m’emmène manger des pakoras et boire un lassi dans la vieille ville. Elle me conseille de visiter le village de Champaner, où l’on peut voir des mosquées sans toit. 

Après avoir pris le taxi pour me rendre à la station de bus à 8h, j'arrive à Baroda, une ville à côté d’Ahmedabad, capitale passée. Là, je décide de prendre un rikshaw, le premier venu, et lui demande de m’emmener à la gare. Sur internet, il est dit qu’un train mène à Champaner en une heure. Pour 1 euro, j’obtiens un ticket au guichet. Le train ne démarre pas tout de suite, on a déjà chaud. Le voyage commence, mais il s’arrête souvent. Au final nous aurons 30 min de retard. Arrivée à la gare de Champaner, un grand monsieur costaud habillé proprement, le chef de gare, me demande mon ticket. Le mec me fait penser au beau Pakistanais qui me plaisait quand j’étais à Mascate et je me prends de sympathie pour lui. Il sent bon. Il me dit que ce ticket va au terminus, la guichetière m’a fait payer le double du prix. Je lui explique que je veux voir les mosquées... masjid.. ? masajid ? On finit par se comprendre : la gare est en plein milieu de nulle part, et même à 20 km des mosquées. Il me propose de m’y emmener et nous roulons sur sa moto enfin jusqu’au lieu désiré. J’ai chaud, je n’ai toujours pas mangé, et je paie 10 euros pour voir, après ces efforts, ce sublime paysage, ce sublime résultat. La ville est truffée de ces mosquées. Les passants m’expliquent la direction pour aller de l’une à l’autre et toujours pas de resto ou de magasin à l’horizon. Je ralentis le rythme car j’ai de plus en plus faim. Je trouve enfin une buvette qui me vend un soda au coca et cumin. Quand je me retrouve face à ces mosquées, je pense alors que je dois écrire. J’ai enfin ressenti la beauté de l’immeuble, du monument qui a été construit jadis et simple attraction aujourd’hui. Ces mosquées, dont le style rappelle celui hindou, sont du 15-16eme siècle. J’imagine alors les riches, les pauvres, assis priant les uns avec les autres, j’idéalise un peu bêtement mais prends ces paysages comme une trouvaille après un long périple. Une récompense au milieu des fleurs, des écureuils et des singes. 


Le retour s’est fait à coups de négociation pour un voyage en mini van, loupé mon bus, attendu une heure, arrivée à minuit... et mon lit étant le canapé, le canapé étant dans le salon, où tout le monde regarde la télé, finir sur Nemo en hindi avec mes hôtes.




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