vendredi 9 décembre 2022

Digital Remittances IX

 depuis un long moment je nourris en moi une colère. En ces temps difficiles, où j'en reviens à ma condition première [la précarité n'étant pas uniquement liée à mon parcours universitaire mais aussi et surtout à mes origines sociales], je constate une fois encore que le manque de ressources joue beaucoup sur ma capacité à écrire, penser, réfléchir. Il m'est déjà arrivé d'être fière de ce que j'écrivais, mais plein d'autres fois non. Je réalise la souffrance que d'autres personnes peuvent connaître, ces personnes pour qui l'on devrait écrire, ces personnes qui devraient écrire pour elles-mêmes. Et ce qui m'attriste tellement, c'est qu'à défaut d'écrire pour eux, parler pour eux, ce sont d'autres, qui ne vivent pas ces difficultés; et qui font de leur écriture sur la misère un champ de compétition pour la connaissance et pour une guerre d'égo entre intellectuels.  C'est ce qui me motivait souvent à écrire, au nom de ma classe sociale, mais c'est beaucoup de souffrances pour peu de reconnaissance. Si j'écris, je n'écrirai jamais comme ceux qui lisent ont l'habitude de lire, pas les mêmes références, des fautes de syntaxe, des complexes d'écriture. Et souvent, ça fait perdre son courage, et c'est bien souvent pour cela que celles et ceux qui mériteraient d'être lu.e.s et entendu.e.s ne parlent ni écrivent. A tous ceux qui ont des complexes d'écriture : n'en ayez rien à faire ! Ecrivez ! A tous ceux qui veulent s'exprimer et qui pensent que leur coup de gueule ne ressemble à rien : exprimez-vous. Ne laissons pas nos paroles être dominées.


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