vendredi 9 décembre 2022

Doctoral thoughts II

 J'en ai marre que vous soyez tous loin. Pour parler de la banalité de la vie et rire avec mon père, je dois utiliser WhatsApp. J'échange alors et découvre des créations de Claire et pose des questions à mon amie omanaise en même temps. Le téléphone sonne encore, un message par ci, un message par là.

Alors des fois, j'éteints tout. Trop de vibrations, trop de bruits qui ne sont pas vous. Je préfère taire l'ensemble plutôt que vivre des pixels de nous.

Ma mère m'écrit alors sur Imessage, on s'envoie des photos, comme si nous étions à des millions de kilomètres l'une de l'autre, et on s'écrit avec ma coloc pour s'appeler pour manger, savoir où se retrouver le soir, par exemple. Tout va très vite, et en même temps communiquer est très lent. La pensée se construit au moment où l'on écrit, et je perds en saveur de nos échanges. Puis, Louise est à Beyrouth, facebook en sait davantage sur nous mêmes que nos propres empreintes corporelles pourraient le faire chaque 5 année où nous nous retrouvons. Nous avons raté le Maroc, les Emirats et le Liban ensemble. Au début, on réussissait à se le reproduire dans nos petites fenêtres facebook. Aujourd'hui, l'inspiration de l'ailleurs s'essouffle et il y a un excès de normalisation au point de ne plus savoir s'imaginer. 

Je ne vous parle même pas de Konrad ou CJ, vous devenez de manière trop rapide et effrayante des souvenirs, et je vous attribue des points d'exclamation pour entendre les rires qui nous habitaient et les besoins que l'on avait l'un de l'autre. Mes échanges avec Laure deviennent presque trop institutionnels, puisqu'aucune chicha n'embaume ce que l'on a à se dire. Et Marien, et Léa, nous devenons des machines qui nous aimons de loin. 

S'il vous plaît, écrivez-moi les humeurs et les émotions qui vous habitent quand vous m'écrivez, et transformez l'usage trop quotidien de l'ici à de simples moyens pour retrouver nos corps.

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